L’adjectif beurré renvoie en premier lieu au monde culinaire et vise ce qui est recouvert d’une couche de beurre ou enduit de beurre. Puis beurré désigne par analogie ce qui est enduit d'une substance pâteuse quelconque : "Des femmes du trottoir, boudinées et les cheveux beurrés, l'œil peint" (ARAGON, Les Beaux quartiers, 1936).
Mais dans le langage populaire, beurré signifie être ivre en référence à l’emploi argotique du verbe beurrer : "Ayant trouvé par le plus grand des hasards, et au fond de ma poche, un billet bleu froissé (...) je me beurrais patiemment" (J.P. CLEBERT, La Vie sauvage, 1953).
Incongruité de la langue française, se beurrer signifie également s’enrichir : "Il avait compris cette raclure, qu'on se beurrait dans les subventions!" (CELINE, Mort à crédit, 1936). Or nous nous savons bien que soirées et économies ne font pas bon ménage !
Au passage, Le Grand dictionnaire universel du XIXe siècle de LAROUSSE (1866-1877) nous éclaire sur la signification de beurret. Une pensée pour le Général !
Tous les Maurice sont nos amis, et en l’occurrence Maurice PRIGNIEL (1903-1987) l’est ! Ancien instituteur, Montmartrois et philologue passionné, il s’est déjà intéressé à notre sujet et a publié en 1965 dans la revue Le Français moderne : Note sur « être beurré » et sur d’autres expressions argotiques signifiant être ivre ».
"Dans le bas langage parisien, être beurré, c'est être ivre"...à la suite de Maurice, enquêtons sur cette expression !