lundi 14 janvier 2013

« Le mur murant Paris, rend Paris murmurant »

14 janvier…alors que les températures baissent et que la neige est attendue, on en vient à regretter les guinguettes de l’été…mais saviez-vous que la fiscalité (on ne répétera jamais assez que "la fiscalité, c’est la vie") est à l’origine de la création des premières guinguettes parisiennes ?

Sous l’ancien régime, la collecte des taxes sur les marchandises est affermée par appel d’offre à des financiers, appelés fermiers, qui s’engagent à reverser une somme forfaitaire au Roi. Les baux sont d'abord donnés séparément (à des fermiers nommés traitants ou partisans), puis la complexité du système et la multiplication des droits levés aidant, des "grosses fermes" apparaissent. Les ministres successifs essayent alors de les regrouper en "fermes générales", jusqu'à la naissance en 1726, de la "Ferme Générale", un organisme collégial unique.

En 1790, Necker réduit la compétence de la Ferme Générale à la gabelle (l'impôt sur le sel), au tabac et au droits des traites et des entrées de Paris.

Les Parisiens sont alors exonérés de la Taille (ce depuis la fin de la Guerre de Cent Ans, afin d’inciter au repeuplement de la capitale) mais sont soumis à des impôts (l’Aide) qui frappent les marchandises entrant dans Paris.

Parmi les taxes prélevées, la plus impopulaire, aussi la plus élevée, est celle qui frappe le vin.  Et elle rapporte beaucoup : près de la moitié des recettes d’octroi du royaume.

Pour améliorer la perception de cet impôt, les fermiers généraux vont jusqu'à demander, en 1782, à Louis XVI de construire une enceinte autour de Paris. Un mur, long de 24 km est érigé entre 1784 et 1790 et encercle approximativement les onze premiers arrondissements actuels. 




Parmi les 21 ouvertures d’octroi ou "barrières" pratiquées, certaines sont encore visibles : la Rotonde du Parc Monceau (la "barrière de Chartres"), la Rotonde de la Villette ou encore le pavillon du Ministère des Finances de Bercy (qui constituait une partie de "la barrière d’eau").

la rotonde de la Villette, l'ancienne "barrière Saint-Martin"

Le parisien s’indigne et l’on compose l'alexandrin "Le mur murant Paris, rend Paris murmurant ".

Dans ces années (17)80’s, le parisien consomme énormément de vin, plus de cent litres par tête et par an ! Alors, pour échapper à l’impôt et boire à moindre coût, les parisiens sortent de Paris, "au-delà du mur",  là où les guinguettes fleurissent (une attitude très Depardieu).

Le mot "Guinguette" dérive ainsi du terme "Guinguet" qui désigne alors un vin un peu vert, du petit vin, un peu aigre, le "vin à trois sous" que servent essentiellement ces guinguettes.



Fraude réprimée très sévèrement, système fiscal complexe et collecte brutale de l'impôt … à la Révolution, les riches et puissants fermiers (un tiers des recettes collectées étaient effectivement reversées au Roi), tels les Crozat ou les frères Pâris, se sont depuis longtemps attirés la colère du Peuple.

Le décret de la Convention du 25 novembre 1793 ordonne l'arrestation de tous les fermiers généraux. Le 8 mai 1795 (19 floréal anII), 28 fermiers généraux sont guillotinés, place de la Révolution (l’actuelle place de la Concorde) dont le célèbre chimiste Antoine Lavoisier (après s'être lui même livré prisonnier à Port Royal pour en savoir +).



Lavoisier en costume de fermier général

La destruction du mur sera décidée par Haussmann en 1860

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